Par Georges Gastaud, philosophe

Elon Musk n’est pas seulement un oligarque d’envergure planétaire, un gourou mondial du “transhumanisme” et un inspirateur libéral-fascisant (ou, si l’on préfère, “facho-libertarien”) de la réaction trumpiste. Cet archi-milliardaire amateur de saluts nazis et traqueur de fonctionnaires est aussi l’homme qui, appuyé par Trump, veut tout mettre en oeuvre pour aller au plus tôt sur Mars avec le projet, que beaucoup jugent délirant en l’état présent des techniques, de coloniser cette planète, voire, à terme, de la “terraformer”. Issu de la science-fiction, ce mot-valise signifie mettre en oeuvre de manière planifiée une série de méga-procédés de haut vol propres à créer sur Mars un environnement de type terrestre dans le bu de rendre ce monde lointain, aujourd’hui très inhospitalier, habitable à terme par des humains… Ou par des “posthumains” (1)? 

Notons d’abord que, pris en lui-même, le projet terraformateur n’a rien qui puisse choquer par principe des communistes. Ceux-ci sont en effet des militants d’avant-garde et des défenseurs conséquents des Lumières: donc des admirateurs de Prométhée, ce héros de la mythologie grecque que le jeune Marx révérait (2) et dont Platon faisait déjà l’ancêtre de la maîtrise de l’homme sur le Feu, donc du façonnement des métaux. “Matérialistes pratiques”, les marxistes ne sont certes pas des dévots de “Gaïa”, ou, comme il est aujourd’hui bienséant de dire, de la Pachamama, cette “Terre-Mère” que les adeptes de l'”Ecologie profonde” sacralisent au point de rejeter toute avancée technique, réputée “invasive” par essence. Pourtant, c’est la nature elle-même qui, par l’aveugle truchement de la sélection naturelle et de l’évolution des espèces, a bien involontairement généré le genre humain fabricateur d’outils et générateur de cultures. Car c’est fort naturellement qu’a lentement émergé, il y a sept millions d’années, ce “genre” Homo qui, désormais réduit à l’espèce Homo Sapiens, comportait initialement plusieurs espèces et variétés déjà plus ou moins aptes à marcher debout, à user adroitement de leurs mains, à transformer leur milieu par l’outillage, à se diviser le travail au moyen du langage articulé et à transmettre leurs inventions potentiellement cumulatives au moyen de l’héritage et de l’éducation. Comme le signalaient déjà synthétiquement Marx et Engels dans L’Idéologie allemande, le texte fondateur du matérialisme historique et dialectique,

                    “les hommes commencent à se distinguer des animaux quand ils commencent à produire leurs moyens d’existence, pas en avant qui résulte de leur organisation corporelle”. 

Du reste, ce sont les Soviétiques qui, les premiers, ouvrirent à l’humanité la voie de l’espace interplanétaire ; c’est par ex. l’ingénieur russe, puis soviéto-russe Constantin E. Tsiolkovski, ce pionnier de l’astronautique, qui conçut le premier les moyens d’échapper à la gravité terrestre en atteignant ce qu’on appelle magnifiquement la “vitesse de libération”. Ce grand rêveur scientifique (3) déclarait ainsi de manière très “prométhéenne”, que

                 “l’humanité ne restera pas éternellement rivée à la Terre, mais, dans sa chasse à la lumière et à l’espace, pénétrera, timidement d’abord, au-delà de l’atmosphère pour conquérir ensuite tout l’espace circumsolaire”.

De même ce sont bien les Soviétiques qui, les premiers, principalement à l’époque de Nikita Khrouchtchev, ont aluni et envoyé dans l’espace un humain (Youri Gagarine) puis une humaine (Valentina Terechkova), et qui, les premiers aussi, ont extrait un humain d’une capsule spatiale (Leonov, le premier “piéton de l’espace”). Et l’on ne voit pas pourquoi dans le principe, et du moins s’il est confirmé que de tels astres sont totalement abiotiques, la Lune, Mars ou certains satellites de Jupiter et Saturne, ne pourraient pas être un jour colonisés à l’avantage de tout le genre humain. Surtout s’il arrivait qu’un jour la vie sur Terre fût globalement menacée par un cataclysme naturel analogue à celui qu’a subi notre planète lors du choc météoritique majeur qui provoqua l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années…

En réalité, si le projet “marso-colonisateur” de Musk et de son triste ami Trump est idéologiquement et symboliquement inquiétant, c’est parce qu’il s’insère dans un contexte lourdement symptomatique de ce que nous appelons l’exterminisme capitaliste. Déjà Lénine qualifiait le capitalisme impérialiste moderne, déjà fauteur à ce jour de deux premières guerres mondiales (en attendant “mieux”…), de “réaction sur toute la ligne”, Jaurès ajoutant même de son côté que…

            “le trust organisé en vue de l’extermination, le voilà le dernier mot du capitalisme “moderne”!”

Or ce diagnostic datant des années 1900/1910 n’a pas été affaibli, loin s’en faut hélas, par la survenue d’Auschwitz, d’Hiroshima et des mille massacres génocidaire de civils que le capital impérialiste a perpétrés depuis lors (présentement à Gaza). Comme nous l’avons cent fois montré ailleurs, le capitalisme actuel est, dès longtemps, devenu tendanciellement incompatible, non seulement avec le développement réel des forces productives (qu’il pervertit massivement en forces structurellement destructives du vivant), mais avec le maintien durable de l’humanité sur notre planète. En effet, l’horizon systémique du capitalisme-impérialisme-hégémonisme actuel est à la fois la ruée belliciste vers l’hégémonie mondiale et la course à la domination financière illimitée, à la régression sociale généralisée, à la fascisation politique (peu importe qu’elle se donne des allures “libérales”) et à cet élan mortifère vers le profit maximal dont l’écologiste avant la lettre qu’était Marx pouvait déjà écrire dans Le Capital qu’il “épuise à la fois les deux sources de la richesse, la Terre et le travailleur“. Pour l’avoir fait en cent autres lieux (2), nous n’entreprendrons pas ici de redémontrer cette thèse terrible (à savoir que l’exterminisme est devenu le stade suprême du capitalisme-impérialisme) dont la contrepartie offensive était d’avance formulée par Fidel Castro quand ce leader mondial du camp révolutionnaire concluait tous ses discours des années 1990/2000 par le mot d’ordre de portée historico-universelle:  “le socialisme ou la mort, nous vaincrons!“. Ce qui signifie que, soit l’humanité échouera à se débarrasser à temps du capitalisme et elle périra, soit elle lui survivra en inventant à temps un socialisme-communisme de nouvelle génération assumant en tous domaines les tâches anti-exterministes (politico-militaires, économiques, environnementales, culturelles, voire “sociétales”) de notre époque hamletienne située à la croisée d’un “to be or not to be?” d’envergure mondiale.  

Eh bien le projet marsien, voire… martial de la clique muskulo-trumpiste est proprement et sourdement exterministe, voire libéral-exterministe, et pour le comprendre, il faut rappeler les éléments de contexte signifiant qui lui donnent son vrai sens. 

D’une part en effet, Musk est ostensiblement un maniaque de la technique, un super-“geek” zélateur de n’importe quelle “avancée” technique sans qu’il se demande jamais si ladite “avancée” va ou non servir l’humanité dans son ensemble. Or, toute avancée technique (en gros, toute intensification d’un rendement fonctionnel en termes de temps, d’espace et d’ “efficicence”) n‘est pas nécessairement un progrès, c’est-à-dire un pas vers ce “bonheur commun” des humains que se fixait pour but la première République française. Il serait en effet bien naïf de croire que la technolâtrie soit socioéconomiquement neutre et que seul son usage, humaniste ou pas, déciderait de son sens en aval de sa mise en circulation ; mais il n’en est rien car l’idée qu’il faut faire tout ce que la technique permet et qu'”on n’arrête pas le progrès” (qui est du reste cet “on” suspect, si ce n’est la classe dominante?), est le credo inconscient du néolibéralisme pour qui “la technique décide (seule) de tout” alors qu’en fait, c’est le tout-marché, c’est la compétition féroce entre Etats impérialistes et leur course aux armes de destruction massive, c’est la mainmise directe ou indirecte du grand capital et des états-majors impérialistes sur la recherche (ce qu’Oppenheimer, puis Grothendieck comprirent successivement à leurs dépens!) qui décident en dernière instance du devenir global de l’espèce humaine en court-circuitant sans scrupules la délibération démocratique des peuples. Laquelle restera structurellement impossible, soit dit en passant, et cela quelles que soient les “formes”, ou plutôt les oripeaux démocratiques dont l’oligarchie capitaliste aura su revêtir ses décisions, tant que n’aura pas été socialisé, nationalement et si possible, internationalement, l’ensemble des grands moyens d’échange et de production pilotés par une démocratie socialiste de haute intensité s’appuyant sur une généralisation des Lumières.

Ce zèle de Musk et de ses pareils pour “la” technique, ou plutôt pour le fétichisme technique, ce masque technolâtrique de la course à l’abîme paré d’oripeaux scientifiques, va de pair avec leur transhumanisme et alimente tous les fantasmes qui l’accompagnent; en particulier, ceux de l’ “homme augmenté” nanti, voire greffé de toutes sortes de moyens machiniques placés hors du contrôle démocratique des masses plébéiennes que nous sommes (car dans une société capitaliste, la Bourse décide). A l’avantage de quelle classe sociale, à votre avis, l’intelligence artificielle, la robotique, des nanotechnologies, l’ordinateur quantique, etc. fonctionneront-ils alors que le champ des privatisations s’étend et que s’aggravent sans cesse sur Terre, d’une part la course vers ce que l’OTAN appelle un “conflit global de haute intensité”, et que s’accentue cette “baisse tendancielle du taux de profit moyen” qui plombe la “croissance” globale des sociétés capitalistes, ainsi que l’avait prédit Marx (4) ? Dès lors, qui peut croire, d’une part, que toutes ces “merveilles” de la technologie pourront bénéficier aux 8 milliards d’humains existants alors que le capitalisme, à nouveau hégémonique sur la surface du globe depuis 1991 (chute de l’URSS) et peut-être même avant cette date, n’est même pas fichu aujourd’hui, avec ses énormes moyens, de nourrir sainement tout le monde, de fournir des médicaments à tous les enfants, de brancher tous les foyers humains à l’électricité et à l’eau courante, etc. ? Qui ne voit au contraire que, dans un cadre capitaliste, ces “merveilles de la technologie” serviront, non pas “peût-être” mais  certainement, à liquider des millions d’emplois ouvriers, paysans, enseignants, etc., tout en surexploitant les travailleurs polytâches restant provisoirement en place (donc à accroître énormément la plus-value du capital tout en rendant des milliards de gens “surnuméraires”)? Et qui ne devine que, en compensation, et pour dominer ces immenses troupeaux humains superflus et/ou surexploités condamnés à la déchéance ou destinés à l’extermination, il faudra en effet fortement suréquiper une super-élite nietzschéenne de super-prédateurs contrôlant toutes choses à leur seul avantage?

Par ailleurs il faut rapprocher le projet muskien du climato-scepticisme, de l’extractivisme débridé (“fore, bébé, fore!”) et du rejet de toute régulation écologique ou médicale qui caractérise l’équipe Trump. Objectivement, ces gens sont déterminés, pour maintenir leur hégémonie planétaire, remporter à n’importe quelle condition leur compétition économique avec la Chine et leur compétition militaire avec la Russie, élever leur taux de profit, ruiner l’Europe en lui imposant (et nos gouvernants serviles et russophobes ne demandent que cela!) l’achat du gaz de schiste américain, ouvrir d’énormes lignes de crédit public au complexe militaro-industriel, à saloper au maximum la planète sur la base d’un court-termisme plat. Après nous le déluge… ou le dérèglement climatique devenu incontrôlable au point que, à l’arrière-plan de leurs projets “marsiens” et surtout, martiaux, il y a le risque plus ou moins assumé de ce que nous appellerons une vénéro-destruction de la Terre: on sait en effet que si Vénus, sans doute plus propre à la vie initialement que Mars, est devenue un enfer horrible, c’est parce que l’effet de serre qui s’est mis en place à sa surface a permis une augmentation terrible de ses températures moyennes. Et c’est hélas ce qui pourrait arriver si le réchauffement climatique finit par dépasser certains seuils et par devenir hors de contrôle, non pas à la suite d’une proximité trop grande du Soleil (comme c’est le cas pour Vénus), mais à la suite d’une absence totale de mesures prises par la première puissance mondiale pour contrôler ses émissions de gaz à effet de serre! Bref, ces gens salopent la planète, peu ou prou ils le savent (l’aveuglement suppose qu’on se mente à soi-même) et c’est en connaissance de cause que, par ex., Trump vient de sortir de l’Accord climatique mondial signé à Paris par les USA.

Plus radicalement encore, comme nous l’avions montré dès 1995 dans notre brochure samizdat d’alors intitulée “Matérialisme et exterminisme”, les maîtres du capitalisme-impérialisme-exterminisme actuel ont radicalement besoin, pour donner du sens subjectif à leur activité objectivement insensée, nihiliste et suicidaire, de se trouver des sortes d’ “abris anti-atomiques” parfaits qui leur permette, sinon réellement (car un type aussi intelligent que Musk, ne parlons pas de son ami Trump), du moins, mentalement et imaginairement, par ex. pour pouvoir dormir la nuit, de se projeter sur un ailleurs absolu qui leur permette de penser un avenir, mieux, un au-delà surnaturel, et si possible “naturel”, voire “artificiel”, leur permettant le moment venu, d’échapper aux foudres exterminatrices (guerre atomique par ex.) ou exténuatrices (dégradation irréversible de l’environnement) qu’ils auraient eux-mêmes déclenchées. A l’époque de l’Union soviétique, où ce grand Etat était dirigé par des communistes, donc par des hommes d’Etat d’inspiration matérialistes et rationalistes ne croyant pas à l’au-delà des religions, on voyait les dirigeants occidentaux littéralement vaticiner: ainsi Reagan a-t-il des dizaines de fois expliqué en public que, de son vivant, l’humanité vivrait la bataille d’Armaghédon où l’Empire du mal (le communisme athée) serait vaincu (et envoyé en enfer) tandis que l’Empire du Bien, situé du côté de “Dieu” (un mot que Trump a placé dans la conclusion de son discours d’installation), non seulement gagnerait la guerre, mais, s’il la perdait, se rattraperait en quelque sorte en allant toucher dans l’au-delà les bénéfices de sa Croisade menée au profit de la vraie foi. On parle ainsi sans cesse du fanatisme djihadiste, mais quel aveuglement euro- et américano-centrique ne faut-il pas aux prétendus “penseurs” contemporains pour voir à quel point le fanatisme de classe, et que résument selon les époques les mots “anticommunisme”, “antimarxisme”, “antijacobinisme”, “antisoviétisme”, nourrit et scelle en secret à notre époque l’alliance ténébreuse de l’exterminisme capitaliste, du fanatisme contre-révolutionnaire et du néo-obscurantisme dont Trump est un échantillon chimiquement pur. Pour le comprendre, nombre de marxistes auraient grand intérêt à sortir enfin d’une approche purement économiciste du marxisme.

Bien entendu, derrière les batailles menées par l’impérialisme, il y a toujours en jeu de sordides intérêts matériels, par ex. la mainmise américaine sur les terres rares ukrainiennes ou sur le pétrole proche-oriental. Mais jamais les batailles de classes, surtout quand elles atteignent le niveau d’incandescence géopolitique des affrontements hégémoniques actuels (d’abord le choc des années 1980 opposant le bloc euro-atlantiste au camp socialiste issu d’Octobre 17, maintenant le choc latent entre ce même bloc et l’ensemble des forces nationales et de classe rejetant l’unilatéralisme issu de la contre-révolution de 1991), ne se réduisent à une “affaire de gros sous”. Comme l’avaient déjà montré Marx, Engels, Lénine, et plus encore Gramsci, les batailles de classes portées à leur paroxysme, précisément parce qu’elles engagent l'”hégémonie culturelle” (au sens gramscien) d’une classe donnée sur l’ensemble d’une société, et plus encore, sur une planète entière, se doublent toujours de batailles culturelles sur les “valeurs”; c’est du reste pourquoi Lénine prônait déjà l’alliance du prolétariat soviétique avec la science russe et les lumières (y compris françaises) de son époque, notamment dans son texte stratégico-culturel intitulé De la portée du matérialisme militant. De même que le philosophe marxiste hongrois Lukàcs, ou que notre Georges Politzer ont su porter en leur temps, sans jamais les détacher de leurs racines de classes profondes, les batailles culturelles opposant les communistes, et plus globalement l’ensemble des forces démocratiques, patriotiques et rationalistes de leur époque à l’idéologie fasciste (4). Deux erreurs symétriques doivent être évitées à ce sujet: la première, relevant d’un matérialisme plat, rabat toute espèce de bataille hégémonico-culturelle sur un ensemble de calculs comptables (ce qui, poussé à l’extrême, débouche sur le complotisme, cet idéalisme); l’erreur symétrique rabat sur une autre forme d’idéalisme historique: elle consiste à dématérialiser les batailles culturelles, comme le faisait sottement (et traîtreusement) la clique gorbatchévienne quand elle prétendaient troquer “l’intérêt de classe du prolétariat” contre “les valeurs universelles de l’humanité”. Au contraire, la conception même de l’universel est scindée, divisée par l’antagonisme de classes et symétriquement, le combat du prolétariat a pour enjeu universel final l’émancipation universelle des humains.

Ces considérations méthodologiques ne nous détournent en rien de notre objet d’étude “muskien”, bien au contraire. Car si, pour l’électeur moyen de Trump (et aussi, hélas, de Biden, car tous ces gens regardent les mêmes films-catastrophes, lisent le Reader’S Digest et ses histoires antisoviétiques à dormir debout…), la référence à “Dieu” et à l’au-delà peut suffire à procurer le sommeil du Juste (non sans se goinfrer de dollars et de très goûtues “nourritures terrestres” en attendant l’Armagédon et le Jugement dernier), il est aussi à notre époque énormément de gens, y compris dans la nation qui proclame “in God we trust!” sur ses dollars), qui ne se satisfont pas du refuge simplet que constitue l’au-delà religieux à une époque où les découvertes scientifiques pleuvant comme grélons démontrent jour après jour que la matière n’est pas le produit d’une Création ex nihilo, que la pensée est impossible sans le cerveau (que détruit la mort…) car elle constitue elle-même l’un des aboutissement de l’évolution cosmique, physico-chimique, biologique et… historique du monde matériel. Eh bien, que ceux-rêvent donc d’un au-delà bien matériel sinon céleste et angélique, du moins “post-terrien” et “post-humain”. Et c’est aussi le rôle du mythe terraformiste tel que permet de le déployer le projet muskien que de permettre à ces millions de gens de rêver d’une échappée marsienne hors de ce champ de Mars, sinon de Marx, que devient la Terre en proie aux prédations sans limites du capitalisme. Rêve à bon marché pour les uns, et hautement rentable pour les autres puisque Musk n’oublie pas de rentrer beaucoup d’argent en envoyant des richards dans l’espace au prix fort (et en gaspillant d’énormes ressources!) tout en touchant force argent du contribuable américain qui rechigne tant à payer pour les hôpitaux ou pour la recherche spatiale sérieuse conduite par la NASA.

Concluons: nous serions désolés que le présent texte fût mésinterprété dans un sens technophobe. Nous voulons seulement signifier ici que, décidément, la question du socialisme pour l’humanité surplombe désormais toutes les questions plus partielles. Aux mains d’un capitalisme de plus en plus réactionnaire, fascisante et destructif, les magnifiques forces productives que l’humanité est scientifiquement capable d’engendrer se retournent en leur contraire et deviennent destructives. On ne peut plus raisonner comme au XIXème siècle en se disant: développons les forces productives et demain, nous les socialiserons à notre profit. De plus en plus ce système aberrant convertit l’or en plomb et l’intelligence humaine devient folie entre ses mains. Plus que jamais, au risque de nous répéter, “le socialisme ou la mort, nous vaincrons”.

(1) Par exemple en disposant autour des pôles martiens des satellites concentrant les rayons solaires afin de munir la planète d’eau liquide et à terme, d’une atmosphère respirable… Passons!

(2) Dans sa dissertation de doctorat portant sur les doctrines de Démocrite et d’Epicure.

(3) “Il est absurde de nier le rôle de la fantaisie même dans la science la plus rigoureuse” (Lénine). Tout est dit ! 

(4) Par exemple dans le texte “Pour mettre en place des études désexterministes”,