La droite et l’extrême droite s’étant toujours opposées sur des bases réactionnaires (il ne faut pas toucher à l’ “ordre naturel” voulu par Dieu) à l’utilisation du génie génétique, les hiérarchies religieuses ayant longtemps persécuté les homosexuels et les femmes, il semble inévitable que la gauche prenne sous son aile toute loi bioéthique paraissant mettre les avancées scientifiques au service de l’égalité entre humains. N’oublions pas pour autant que les prétendus progressistes de LAREM qui se drapent dans les progrès de la science et autres avancées “sociétales” sont aussi ceux qui privatisent et marchandisent à tous vents les services publics et les autres activités humaines, qui livrent à la précarité des millions de femmes et d’enfants issus de la classe ouvrière et qui ont pour modèle ces sacro-saints pays anglo-saxons où, sous couvert de liberté (celle du riche d’exploiter le pauvre), des femmes louent leur matrice à des richards en mal d’enfant; des pays où, par ailleurs, le génie génétique est mis au service de l’eugénisme le plus sot…
Dès lors, il faut y regarder à deux fois et surtout, éviter les postures, quand une nouvelle loi bioéthique est mise en débat par les néolibéraux, la question n’étant pas de savoir ce qui “fait” progressiste et “ouvert”, mais ce qui sert les intérêts d’avenir du mouvement ouvrier en particulier et de l’humanité en général. En ces temps où le capitalisme-imperialisme rime avec l’exterminisme, mieux vaut être prudent avec tout ce qui pourrait saper les bases anthropologiques
Tout d’abord, la question bioéthique ne peut pas être abordée du seul point de vue du droit à l’enfant de tel ou tel couple ou de telle ou telle personne. L’intérêt de l’enfant doit primer du point de vue même des éventuels parents puisqu’il est immoral de faire un enfant, non en vue de son propre bonheur, mais en vue de celui de ses géniteurs. S’il est établi que, toutes choses égales par ailleurs, des enfants issus de couples homosexuels ont autant de chances de s’épanouir que ceux qui proviennent de couples hétérosexuels, une objection majeure sera levée à la PMA pour les couples homosexuels féminins. Mais cette preuve, hors cas particuliers, a t elle été apportée dans la durée ? Si oui, par qui? Il n’est ni criminel ni réactionnaire de se poser la question vu qu’elle est déterminante pour l’avenir de nombreux êtres humains à naître qui n’ont pas demandé à jouer les cobayes.
La question est encore plus légitime s’agissant de personnes vivant seules et décidant d’avoir un enfant sans passer par la présence effective d’une autre personne, homme ou femme. Qu’il existe des familles dîtes monoparentales, le plus souvent des femmes prolétaires heteros abandonnées par leur conjoint, n’est pas une objection mais un contre argument. L’un a besoin de deux pour faire trois.
Enfin l’objection demeure. La PMA devenant licite et remboursée par la sécu pour les couples homosexuels féminins, comment sera t il possible à l’avenir de priver les couples homosexuels sexuels masculins du “droit” à la PMA? Ou bien l’homme et la femme sont égaux, paternité vaut maternité, l’insémination masculine n’est pas moins noble que la gestation, et dans ce cas, il faut donner aux homosexuels mâles les mêmes possibilites qu’aux lesbiennes, ce qui rend le droit à GPA pour les couples homosexuels masculins inévitablement juridiquement. Ou bien il faut dire clairement que l’homme n’est qu’un élément accessoire à la procréation, et on a alors affaire à une terrible atteinte potentielle, sur le long terme, à l’égalité entre les êtres humains. Soyons clairs, ou bien l’homme et la femme sont égaux et la loi Macron rend la GPA inévitable à terme (au détriment de la femme des milieux populaires), soit hommes et femmes sont essentiellement inégaux du point de vue de la reproduction, et il y a risque de rejeter l’homme aux marges de la reproduction, voire de l’humanité.Dans ce cas, nous aurions affaire, sous couvert de liberté à court terme, à une contre-révolution anthropologique bouleversant tout ce qui a jusqu’ici permis l’hominisation des petits d’hommes. Qu’on ne dise pas que, disant cela, nous restaurons l’idée d’une nature humaine échappant à l’histoire: nous faisons au contraire observer qu’un certain nombre de faits, naturels pour certains, comme la pluralité des sexes et le caractère aléatoire de la reproduction sexuée, culturels pour d’autres (Lévi-Strauss a montré combien la prohibition de l’inceste, synonyme d’exogamie et de parenté par alliance, est fondatrice d’humanité), sans parler du fait anthropologique majeur, lui-même résultant d’une évolution naturelle des hominidés (le saut qualitatif permettant le passage de la nature à la culture est la production par un l’homme de ses moyens d’existence), sont indispensables à l’historicité de l’homme, à sa capacité de produire lui même sa propre essence au lieu de la recevoir seulement de l’hérédité comme font pour l’essentiel les animaux non humains.
Il se pourrait que, en ce domaine comme en d’autres, le neolibéralisme incarné par Macron, nous rapproche en réalité, non de la liberté, mais d’une société post-humaine où l’enfant, y compris en principe, sera un moyen plus qu’une fin, où l’homme ne sera qu’une réserve de sperme et où la femme de milieu populaire sera plus esclavagisee que jamais. 
Réfléchissons à tout cela avec l’esprit de responsabilité qui doit caractériser la classe ouvrière, et ne soyons pas dupes de ce contraire de l’émancipation des femmes et de l’humanité qu’est l’idéologie néolibérale.